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vendredi 5 janvier 2018

DAN BAIRD ~ SoLow [2017]


"I can’t say we didn’t see it coming…"
"Si tu veux plaire à tout prix tu n’arriveras jamais qu’à être la moitié de toi-même, si tu fais ce que tu veux tu plairas peut-être un jour." Je n’ai trouvé que cette (peu glorieuse j’en conviens) paraphrase pour illustrer certains propos tenus par un grand philosophe du Sud Profond américain. Tout le monde vous le dira, ça n’a jamais été facile de traduire Faulkner ou Williams qui de toute façon n’étaient pas vraiment philosophes. Tiens, à-propos de Williams, il ne vous aura pas échappé à quel point les prix de la Telecaster Johnny Hallyday-Model ont augmenté sur Le Bon Coin ces derniers temps. Mais ceci n’a rien à voir, c’est juste qu’il n’y a pas que les Danelectro dans la vie y a aussi les Telecaster. Le grand philosophe en question s’appelle Baird, Daniel John Baird plus exactement, si je précise pas je vous connais vous allez vous perdre. Dan Baird, donc. Deux disques sortis en 2017, deux disques dont j’eus l’irrépressible envie de vous parler, surtout après la lecture du post de Jimmy sur les Georgia Satellites. Je pense même en avoir fait la promesse au Patron de ces lieux mais il sait mieux que quiconque à quel point il ne faut pas me faire confiance et ne m’en a sûrement pas voulu de ne pas l’avoir tenue (la promesse). Bien, après une phrase aussi longue et tout aussi dépourvue de sens que de ponctuation je vous autorise un temps de respiration. Ça y est ? Reprenons : deux disques, l’un avec Homemade Sin, son groupe depuis quelques années, il s’appelle Rollercoaster, une pochette magnifique et à l’intérieur c’est encore mieux, d’ailleurs je vous promets de vous en parler plus longuement un jour, l’autre vous le tenez entre les mains (ceci est une image). Dan Baird a plu un jour (ceci est un rappel, il concerne ici la pseudo-citation qui débute ce texte), avec les Georgia Satellites. Il faisait tout, il était tout (pour moi tout au moins) au sein de ce combo, les compos, les gratte-chant et l’indécrottable sourire du mec qui ne se prendra jamais au sérieux, quoi qu’il arrive. Avec eux il connut un succès planétaire étonnant, incongru et éphémère, c’était en 1986. Planétaire c’est simple, à part Till tout le monde écoutait les ‘Sats à l’époque. Etonnant en effet qu’à cette époque un album aussi basiquement et naturellement three-chord-r’n’r atteigne le sommet des charts. Incongru… t’en penses quoi Dan ? - Ben à l’époque y avait guère que les Replacements. (NDLR : sur la tête de ma mère j’invente rien, je serais bien incapable d’inventer quoi que ce soit. "Ah si, on a aussi tourné avec Petty". Merci Dan. Ephémère, vous connaissez l’Histoire et ses Eternels Recommencements et vous maîtrisez maintenant peu ou prou la saga des Faces, Small ou tout court (hello D), je n’en rajouterai pas sur l’analogie que tant de brillants critiques (hello JJ) soulèveront au fil des années. Bref rappel (promis, c’est le dernier) corroborant l’acuité de l’analyse Bairdienne : l’année suivante sortit Le Plus Grand Disque de l’Histoire, vous savez tous de quoi je parle et je n’invente toujours rien. A peine si j’exagère. Au moins le Plus Grand Disque de 1987, vous pouvez bien me concéder ça. Dan s’est par la suite barré des Satellites pour une carrière solo tout aussi zigzagante, un énorme hit en 92 puis l’oubli général sans que son talent, son enthousiasme, la qualité de ses compositions, ou quoi ou qu’est-ce ne soient en cause. Pas de quoi déstabiliser le bonhomme, That’s r’n’r ! comme on dit quand on n’a plus d’argument. SoLow donc, ce disque que Dan qualifie de premier qu’il ait fait en solo (d’où son titre, ceci est un jeu de mots) accompagné qu’il était par un groupe dans chacun de ses précédents. Des groupes il en a toujours deux-trois sur le feu en même temps le lascar, en ce moment c’est The Yayhoos et Homemade Sin, et c’est bien ce avec HMS qu’il a sorti ce Rollercoaster dont vous avez déjà oublié l’existence, c’est bien la peine que je fasse des efforts… SoLow, disais-je. Autant vous prévenir tout de suite, aucune véritable surprise ne nous attend au tournant de cette incroyable collection de ce que je n’hésiterai pas à qualifier de …drumroll… : Classiques ! Les détailler n’aurait aucun sens, de toute façon je suis bien incapable de parler de musique. Enfin, y a bien un truc qui me taraudait et dont je voulais vous entretenir c’est ce Look away (ouais, comme dans "Look away, look away, etc.") aussi monumental qu’intriguant dans son propos, mais je me suis retenu. Je croyais bêtement que c’était une énième ode à ce Sud profond, etc. Vous savez comment ils sont là-bas. Sauf que pas du tout, on serait plus proche d’un règlement de compte bien senti qu’autre chose, j’ai bien fait de m’abstenir. Faut dire (répéter en fait, je l’ai déjà écrit plus haut) que c’est pas facile de traduire un philosophe, sans parler de le comprendre… Mais putain quel morceau, même les feulements et les solos de guitare me tenaillent et m’interpellent, merde Dan, t’es sûr de ce que t’avances là ? Heureusement Naughty Marie, qui suit immédiatement, remet les pendules à leur place. Surtout pour ceux qui continuent, contre vents et marée, à écouter un disque en entier et dans l’ordre, ce que je vous recommande ici plus que jamais. Pas pour la philosophie non, juste pour la bonne dose de rock’n’roll. Fin de chronique (ouais je sais c’est pompeux mais j’ai pas trouvé d’autre mot pour qualifier ce bordel, a-propos de bordel elle est pas belle la pochette ?) : cette dernière phrase, j’en étais tellement fier qu’elle constituerait ma conclusion, j’ai souvent du mal à m’arrêter mais là au moins on est bien. Et puis, plongé que j’étais dans le personnage, car faut le savoir c’est du boulot une chro… euh un billet (ça y est j’ai trouvé !), même s’il est pourri et trop long, j’ai cherché un moyen de me rattraper de la fois où j’avais failli aller voir Dan Baird & Homemade Sin en concert, une petite salle pas loin de chez moi, de l’autre côté de la frontière. J’avais passé mon tour et j’avais fini par m’en vouloir. Mais le mec est une bête de scène, j’aurai d’autres occasions. En la cherchant cette occasion je découvre ce truc, posté le 28 juillet dernier, que franchement je ne me suis pas senti d’interpréter ou déformer. Je vous livre donc cette Leçon de Philosophie brute de décoffrage, comme son auteur :


Long post warning-
Gang, I gotta take a leave of absence for the rest of the year. It's a medical thing. CLL, chronic lymphocytic leukemia. Knew i had it and it was coming but I thought it was a couple of years off. Not so. Older folks blood condition that wants to eat up you body and red blood cells as well as leave junked white blood cells like wrecked cars all over the blood stream. Inherited. Treatable. But debilitating in the short term when it picks up a head of steam, like now. 
Dern tootin I'ma gonna give it a fight. I got a good piece of stubborn in me, might as well put it to a decent use. 
The bad news is The Yayhoos shows, and the 2 weeks in the states and a month in Europe and England of db & HMS shows this year that I can no longer do. Sorry. 
I'll find a way to get stronger. Skip the damn crying emoji, please. It makes me feel like a death sentence. It ain't. One of the most addressable blood disorders. 
Besides, I'm the luckiest fucker any y'all ever even heard of, and I know it. 
Mick Brown has me set up in a nice English hospital right now, and am being treated to be well enough to fly home and start the real work. Great staff here at the hospital and this wacky idea that you shouldn't have to pay for it. Oh those crazy socialists! 
Shout out to Pete Mason for calling "its time, get his ass to the hospital ". 
Warner Hodges, Mauro Magellan and Micke Björk are doing the last 3 HMS shows as a 3 piece. Throwing it together to honor the dates in the back of the van rolling to the gig. Gentleman, you are truly what the good shit is made of. Certified dudes.
Now, if you don't put the top hat on the mic stand and play a huggy kissie/Freebird medley at least once I'll never forgive you. 
db


Le "top hat" fait référence au haut-de-forme que Dan Baird (ou db, comme il signe) porte régulièrement car oui, en plus de tout le reste, il est élégant. Pas besoin de lunettes jaunes pour jouer à la rock star, t’as une tête-à-chapeau ou une tête-à-claques, t’y peux rien et ça s’improvise pas. Et là je me suis senti vraiment con devant ma pseudo-conclusion pourrie. Mais je ne pouvais pas vous laisser comme ça, Dan nous en donne la preuve, the show must go on et moi faut que je me reprenne. Retour donc au SoLow, pardon aux solos de Look away (et aux feulements qui le précèdent), c’est un ordre. Réécoutez moi ça, tendez l’oreille, ça sent pas la Telecaster à plein nez ça ? Non ? Ben vous avez raison en fait c’est une Esquire, la guitare préférée de Baird. C’est l’ancêtre de la Tele, à l’origine elle n’a qu’un seul micro sur le bridge mais ça se trafique aisément comme vous pourrez le constater. Un micro ou deux ça change pas grand-chose, les vrais amateurs de Tele ne jouent qu’en position bridge. Le truc marche aussi avec la Johnny Hallyday-Model mais au prix où on les trouve maintenant ça vaut plus le coup… L’Esquire de Dan Baird n’a pas de prix, elle. C’est un modèle de 1957 ayant appartenu à Steve Marriott.
Everett W. GILLES [Vous prendrez bien le temps d’un petit commentaire !]
P.S. : pour une traduction du texte de DB, une liste exhaustive de ses groupes et la signification de la plaque d’immatriculation sur la pochette vous savez où me trouver mais faudra pas venir vous plaindre après.


01 - Cemetery Train
02 - Showtime
03 - Look Away
04 - Naughty Marie
05 - Get Watcha Get
06 - Say Goodbye
07 - Get Out And Go
08 - Won't Take Much
09 - Lay It On Me
10 - Silver Baby
11 - She's With Me
12 - Gotta Get A Move On
MP3 (320 kbps) + front cover