ARCHIVES

lundi 29 janvier 2018

THE FALL ~ The Infotainment Scan [1993]


Voilà, j’ai écrit ce texte quelques jours avant la mort de Mark E. Smith. Alors, faites-moi ce petit plaisir, pendant le court moment de votre lecture, il sera encore vivant parmi nous...

Il y a quelques temps (et, avons-le, même quelques années), j’avais fait la promesse pieuse de remonter le temps dans l’imposante discographie du groupe en illustrant son long parcours par un album par décennie. Or, il y a urgence car Mark E. Smith, leur emblématique meneur, est a priori gravement malade, sans doute suite à de nombreux excès en tout genre. Autant vous dire que le groupe, c’est lui, et que les autres n’auront jamais été que des électrons ou fusibles interchangeables en fonction de ses humeurs parfois massacrantes. Lui qui avait fanfaronné sur ses 50 ans (cf. https://www.youtube.com/watch?v=ApCTKt0-Fz4 ), on sait d’ores et déjà que sa soixantaine s’annonce plus difficile. Et malheureusement pour moi, s’il s’est écoulé tant d’années autour de ma promesse, c’est parce que j’ai buté sur la décennie 90, que je connaissais finalement assez mal, car elle correspond à celle au cours de laquelle je me suis éloignée du groupe. Force est de constater que cette période de The Fall me touche moins que les autres. Non qu’elle soit mauvaise ni qu’il y ait moins de morceaux totalement déments (et Dieu sait s’il y en a), mais je me sens plus proche de ce que le groupe a réalisé avant et après. Donc, après avoir espéré vous proposer un autre disque que celui-ci pour illustrer ces fameuses 90’s, je reviens vers mon  choix initial, soit cet Infotainment scan, qui correspond au dernier que j’ai longuement écouté (avant de revenir vers le groupe dix ans plus tard), ainsi qu’à leur pic de popularité pour une œuvre loin d’être aisée. Ce groupe est définitivement immense, avec une œuvre colossale dont même les multiples compilations de tout genre n’arrivent pas à faire véritablement le tour. A la manière de certains grands artistes (comme Tom Waits qui n’a pourtant rien à voir), la musique du groupe dessine un univers à part qu’on pourrait croire limité alors qu’il est d’une richesse insoupçonnée et surtout l’expression d’une démarche profondément vitale et aventureuse, sans être fermée aux courants musicaux actuels. La musique de The Fall ressemble à du The Fall et il n’y a rien d’autre à savoir et c’est très bien ainsi. Alors, rompez cette indifférence française polie et agaçante à l’égard de ce groupe à l’influence toujours aussi cruciale et vivante, précipitez-vous dessus avant qu’une funeste nouvelle ne nous parvienne un jour et qu’on le visite avec cette déférence hypocrite des médias qui se voudront « branchés » et se donner bonne conscience en voulant nous faire croire qu’ils l’ont toujours soutenu à la hauteur de ce qu’il méritait (alors même qu’en France, il ne doit exister aucune couverture en quarante années d'existence et tout juste trois ou quatre interviews pour la plupart anecdotiques). Une chose est sûre, c’est que John Peel, lui, même tout là-haut, attend toujours avec impatience le prochain The Fall.

Maintenant qu’on connait la triste vérité, on pourra même dire que John Peel les écoutera sans nous.
Audrey SONGEVAL [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]

C'est sans doute ce qu'on appelle un artiste culte : totalement ignoré du gros public, mais adulé par une poignée d'âmes sensibles... Ici, il n'y a guère de refrains à chantonner sous la douche, mais dans le domaine de l'inventivité, on trouvera rarement mieux et plus prenant. J'ai eu un peu de mal à réécouter les premiers titres à cause des événements, mais la voix (mélange d'agressivité roublarde et de tendresse infinie) a finalement pris le dessus sur la tristesse - les guitares au scalpel et la rythmique en mode tête chercheuse ont fait le reste, tout le reste. Cet album est un grand disque, un de plus, dans une discographie que nous pourrons encore fouiller longtemps...
Jimmy    


01 - Ladybird (Green Grass)
02 - Lost in Music
03 - Glam Racket
04 - I'm Going To Spain
05 - It's A Curse
06 - Paranoia Man In Cheap Shxt Room
07 - Service
08 - The League Of Bald-Headed Men
09 - A Past Gone Mad
09 - A Past Gone Mad
11 - Why Are People Grudgeful
12 - League Moon Monkey Mix
MP3 (320 kbps) + artwork


jeudi 25 janvier 2018

DAN ZANES AND FRIENDS ~ Lead Belly, Baby ! [2017]


Il y a des jours où j'ai les chevilles qui enflent et où je me dis que je possède une espèce de sixième sens pour repérer les pépites rien qu'en reniflant les pochettes ! Mais, ça, c'est uniquement les jours où j'oublie toutes les cochonneries qui me font saigner les oreilles au bout de deux couplets, et que je me force à écouter jusqu'au bout, parce que je suis trop charitable ! Tiens, pas plus tard qu'hier, j'ai écouté le nouvel album d'une chanteuse car elle y reprenait le génial Conne de Brigitte Fontaine. Une horreur, son machin, l'art et la manière d'en foutre partout tout le temps. Et ça chante et ça joue comme un narcisse devant son miroir : "Oh, comme je suis douée pour passer des notes les plus aiguës aux plus graves en une seconde !" "Ah, je n'ai pas perdu mon temps au conservatoire, comme je sais faire plein de choses compliquées !" Parfait (façon d'écrire) exemple de gens qui confondent les numéros d'équilibriste avec la recherche de l'émotion. Sur le fameux Conne déjà mentionné, la donzelle ne cesse de surjouer, là où Brigitte est totalement habitée. Basta ! Bon, il est grand temps que j'en vienne à évoquer ce Lead Belly, Baby ! D'habitude, je me méfie de ces disques qui empilent les futuring, mais, là, l'espèce de sixième sens susmentionné s'est mis en éveil. Ce disque est un petit joyaux de blues joyeux (si, ça existe !), enregistré avec une palanquée de chouettes copains (y a même des mômes qui viennent foutre un gai boxon) super heureux d'être là. Il y a de la guitare douze cordes comme s'il en pleuvait, des percussions qui donnent envie de se trémousser comme un idiot, des duos qui donnent envie que ce soit des trios avec nous... Mince, je n'avais pas exactement ce souvenir de la musique du gars Belly ! Que foutre ! Je vais me le rejouer une fois encore pour oublier la pluie et ce mois de janvier qui nous a déjà enlevé Mimi des Dogs et Mark E. Smith...
Jimmy JIMI [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]

  
01 - More Yet [Feat. Shareef Swindell]
02 - Rock Island Line [Feat. Billy Bragg]
03 - Ha-Ha This-A-Way [Feat. Tamar Kali]
04 - Julie Ann Johnson [Feat. Jendog Lonewolf]
05 - Bring Me Little Water, Sylvie [Feat. Madame Marie Jean Laurent & Ceddyjay]
06 - Polly Wee [Feat. Father Goose & Little Goose]
07 - Boll Weevil [Feat. Aloe Blacc & Pauline Jean]
08 - New York City [Feat. Claudia Eliaza]
09 - Skip To My Lou [Feat. Chuck D. & Memphis Jelks]
10 - Take This Hammer [Feat. Valerie Jean]
11 - Cotton Fields [Feat. Sonia De Los Santos, Elena Moon Park, & José Joaquin Garcia]
12 - Red Bird [Feat. Ashley Phillips]
13 - Whoa Back Buck [Feat. Donald Saaf With Isak & Ole Saaf]
14 - Stewball [Feat. Marley Reedy]
15 - Relax Your Mind [Feat. Neha Jiwrajka]
MP3 (320 kbps) + artwork






lundi 22 janvier 2018

THE MODERN LOVERS ~ The Modern Lovers [1976]


Pour le coup, ce disque (indispensable parmi les indispensables) mériterait une belle réédition (genre Deluxe) avec l'intégralité des sessions produites par Kim Fowley (je peux vous dénicher ça, si vous êtes bien polis !)... Il s'agit d'une sorte de supergroup à l'envers, puisque tous ses membres devaient connaître le succès, plus tard, sous d'autres latitudes... Leur leader d'attaque se nomme Jonathan Richman, il a vu la lumière divine en découvrant le Velvet Underground au Boston Tea Party, et, depuis, il rêve d'en offrir sa version, plus joyeuse, plus straight, mais pas light pour autant. Il s'acoquine un temps avec John Felice (que l'on retrouvera au sein des Real Kids), puis enrôle David Robinson (futur Cars), Jerry Harrison (futur Talking Heads) et Ernie Brooks (futur Elliott Murphy Band). Dès 1972, ils se font remarquer en assurant la première partie des New York Dolls (parlez d'une affiche !). La même année, ils enregistrent les fameuses sessions avec Kim Fowley, dont aucuns vieux schnocks sourds comme des pots (de chambre) des maisons de disques ne voudra. Un an plus tard, il retourne en studio avec John Cale, signe chez Warner Bros, mais l'ambiance se dégrade, s'envenime avec le producteur comme avec le label, et ce chef-d'oeuvre mettra finalement trois ans avant de paraître, alors que le groupe n'existe déjà plus (même si Jonathan continuera à utiliser le nom)... Du "1, 2, 3, 4, 5, 6" qui ouvre Roadrunner (bientôt repris par les jeunes Pistols) jusqu'à l'ultime coup de médiator qui termine Government center en passant par Pablo Picasso (couvert par John Cale, puis David Bowie), cet album est une suite d'enchantements. Je l'ai réécouté trois fois de suite en fin de semaine dernière et il n'a pas pris un semblant de ride. Si les guitares sont très velvetiennes (ce qui ne peut constituer un défaut), l'orgue quasi tex-mex et la voix de Jonathan (sans même parler des textes, géniaux, il va sans dire) qui semble mâcher un chewing-gum parfumé au bonheur, pendant qu'il s'égosille font la jolie différence. Vous devez tous déjà le posséder en plusieurs exemplaires, ce post n'est donc qu'un simple rappel : pour combattre l'hiver et la pluie qui ne cesse, le meilleur remède à la morosité demeure cet Himalaya jouissif !   
Jimmy JIMI [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]   


01 - Roadrunner
02 - Astral Plane
03 - Old World
04 - Pablo Picasso
05 - I'm Straight
06 - Dignified And Old
07 - She Cracked
08 - Hospital
09 - Someone I Care About
10 - Girl Friend
11 - Modern World
12 - Government Center
MP3 (320 kbps) + artwork



mercredi 17 janvier 2018

COLD SUN ~ Dark Shadows [1969]


Chut ! Il ne faut pas faire de bruit. Suivez-moi, on  descend dans la crypte sacrée. Poussez la porte avec précaution et regardez à la lueur chancelante de la torche. Elles sont là, scintillant faiblement dans la pénombre,  attendant qu’une bonne âme leur rende justice. Ce  sont les nuggets et autres œuvres perdues jonchant les caniveaux du rock, fantasme des collectionneurs de cire, que de vaillants orpailleurs ont décidé de sortir de l’oubli (en tirage limité bien sûr). Les esprits chagrins me diront que tous ces  joyaux ne se révèlent pas toujours à la hauteur de l’investissement mais qu’importe, ce qui compte c’est la quête, la chasse qui vous permettra  peut être de découvrir l’un de ces outsiders qui n’a pas eu la chance d’accéder au podium. Je vais vous dévoiler l’histoire d’une de ces pépites égarées mais tout ceci doit rester discret, entre nous, entre initiés… L’année 1966 constituera le sommet et  la fin de l’âge d’or du garage punk  américain qui aura duré à peine deux ans (1965/1966). En 1967, le mouvement musical et culturel dévoyé par la jeunesse blanche bascule dans l’ère psychédélique dont il ne s’est pas encore remis à ce jour. Des foyers d’infections mutants sont signalés dans tout le pays notamment au Texas où la fièvre prend des allures de pandémie virulente. Les héros de ce mouvement se nomment Roky Erickson et le 13th Floor Elevators (qui sera prochainement intronisé au panthéon du Duke soyez en sûrs ; et certainement pas ce baltringue de Johnny Thunders)  ou l’éclectique Mayo Thompson (Red Crayola) et tant d’autres à l’instar de leurs glorieux confédérés natifs du Texas (ZZ Top, Johnny Winter, Doug Sham, Josefus, Buthole Surfers, Buddy Holly ou Stevie Ray Vaughan...)  Quel que soit son style, on reconnait toujours un musicien  natif du Texas (et pas à cause de ces bottes et de son stetson) ! Le groupe Cold Sun viendrait d’Austin où il  enregistre son unique opus dans les légendaires studios Sonobeat en 1969 ou 1970 (les avis divergent) mais de façon assez tardive, alors que la première vague psychédélique est en train de se retirer et d’infecter provisoirement  le heavy rock. Il semblerait que nos lascars, trop jeunes en 1967, aient voulu perpétuer la flamme toujours incandescente des 13th Floord Elevators, mais cet élan de nostalgie signera la fin de leur aventure puisque l’album ne sortira jamais. Le label Rockadelic exhumera le disque en 1993 en réalisant  un  tirage limité  qui deviendra  illico un collector inaccessible faisant baver les collectionneurs impavides. Il sera ensuite joliment réédité en 2010 par un label allemand à destination du vil peuple. L’album improprement nommé Dark shadows lors de son édition  est composé de trois longues suites hypnotiques : Here in the year, Fall et Ra-ma, entrecoupé  de morceaux plus courts : See what you cause, Twisted flower, chantés par le bassiste, Mike Waugh, For ever et d’un morceau de bravoure : South Texas, qui ouvre le bal des hallucinations sur la première face. "Have you seen the eyes of the Gecko... ?" Je vous  laisse deviner la suite… Fermez les yeux, vissez bien le casque sur les oreilles, vous êtes prêts pour le grand voyage ? C’est parti, votre conscience supranaturelle a pris les commandes d’un pygargue à tête blanche déployant ses ailes au-dessus du territoire  sacré des Navajos peuplé de lézards géants, de cactus multicolores, dragons venimeux, nids de crotales  et autres créatures de la mythologie indienne que vous devrez affronter et vaincre dans un parcours initiatique digne de l’odyssée qui vous conduira dans la quatrième dimension cosmique. Après ce long vol en suspension au-dessus du désert, vous terminez en piqué dans l’océan pacifique  vers le continent perdu idyllique de MU qui deviendra votre refuge pour l’éternité. Un jour, il faudra que je vous parle de cet autre barré du cerveau,  un surfer  nommé Merrel Frankhauser qui forma le groupe MU(le continent perdu ah, ah !) avec Jeff Cotton première gâchette du Magic Band du "Capitaine Cœur de Bœuf", avant de se réfugier à Maui, une île d’Hawaï qui accueillera aussi  Sky Saxon (The Seeds), cet autre grand taré du rock et sa communauté Ya Ho Wha 13… D’un point de vue musical Dark shadows est extrêmement homogène. Tous les morceaux sont tissés sur un tempo alangui et mélancolique qui répète à dessein une trame hypnotique qui préfigure la musique des géants du krautrock. Cette trame est renforcée par les effets sonores envoûtants et intimidants de l’auto-harpe électrique utilisée par le chanteur Bill Miller (à l’instar de son Homologue Tommy Hall qui lui joue de la cruche électrique avec les Ascenseurs du Treizième). Un monstre de Gila surgit menaçant au détour d’un cactus, l’orchestre accélère le tempo, éloignant provisoirement le danger pour mieux revenir ensuite sur son orbite de prédilection, filant haut à eight miles high droit sur  la ligne du soleil écarlate. Vous sortez de  votre songe soudainement éveillé  par la balafre d’un trait d’harmonica (magnifique !). Les arpèges joliment fuzzy ou distordus de Tom McGarrigle (Je crois qu’il joue sur Gibson SG comme Cipollina) viennent s’enchevêtrer telle une liane de fleurs toxiques autour de cette base rythmique accentuant l’effet tripant de l’ensemble. Point de solos indigestes ici, la guitare répète à l’envie son mantra lancinant  sur les  riffs  d’auto harpe de Miller.  De nouveau la voix habitée aux accents garage vient déchirer cette torpeur,  nous rappelant qu’il est notre guide protecteur dans ce périple  initiatique. Bon, je rame ! Il faut que je m’envoie  une  autre décoction de Mescaline derrière la cravate…  Bon sang ! J’aurais mieux fait de rester peinard dans le sofa à me siroter un White Russian plutôt que de me lancer dans cette chronique décérébrante. Slurpp !  Ah, Il faut reconnaître, c’est du brutal !  Ouaah ! la montée, sévère ! Je retrouve la  connexion cosmique avec les esprits du Joshua Tree (pas celui de la bande à Bono,  sans déconner !) qui vont me permettre  de  terminer ce billet hallucinatoire. Donc, pour en finir, je citerai Jello Biafra (Dead Kennedys), un militant de la cause animale,  à propos de Cold Sun : "Ils jouaient comme s’ils avaient laissé leur corps dans le garage pendant que leur esprit planait au-dessus du Texas" et de poursuivre en affirmant que "Dark shadows est le plus le plus grand album de rock psychédélique de tous les temps", ce que je ne suis pas loin de penser. La légende voudrait que ce disque ait été conçu entièrement sous l’emprise du peyotl, un petit cactus hallucinogène fort  rependu au Mexique et au Texas. C’est du naturel ça au moins, du Bio ! pas comme les trucs chimiques trafiqués que s’envoyaient les groupes de Frisco. Elle est peut-être là la différence ? Qui peut savoir ce qui se passait dans la cervelle de ces jeunes gens à ce moment précis ? Alors, pour paraphraser  John Ford (un connaisseur en cactus) dans L'Homme qui tua Liberty Valance : "On est dans l'Ouest, ici (et au Texas, putain !) et quand la légende dépasse la réalité, on publie la légende !"  
LE DUKE [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]
A écouter aussi : MU : The First Album [1974] [réédition Guerssen] 
A ne pas lire : James Churchward : The Lost continent of MU 


01 - South Texas
02 - Twisted Flower
03 - Here In The Year
04 - For Ever
05 - See What You Cause
06 - Fall
07 - Ra-Ma
08 - Live Again [Bonus - Live, 1972]
09 - Mind Aura [Bonus - Live, 1972]
MP3 (320 kbps) + artwork


lundi 15 janvier 2018

GALAXIE 500 ~ This Is Our Music [1990]


Les décennies passant, le Velvet Underground est devenu davantage qu'un groupe, presque un genre en soi. Ainsi, certains s'adonnèrent (presque) exclusivement au Velvet, comme d'autres se la jouaient psyché ou country funk... Je ne sais plus qui a dit : "copie, si tu as quelque chose à exprimer, cela sortira forcément." Ces trois jeunes gens écoutèrent beaucoup l'album "à la banane" et sans doute plus encore celui "au canapé" qui correspondait si bien à leur fragilité. Pour épicer l'affaire, ils compliquèrent la sauce en se tournant vers un autre fan du V.U. : le génial Jonathan Richman, et comme ils ne dédaignaient pas un petit rayon de soleil ou une lueur d'étoile, une pincé de Beach Boys et quelques relents lysergiques ne pourraient pas nuire. Au final, si le velvet transpire par tous les pores du sillon, l'ensemble de leurs influences, leur intelligence et leur sensibilité nous éviterait l'inutile copie. Amateur de langueurs, Galaxie 500 n'hésitait pourtant pas à tirer sur la corde raide quand il s'agissait d'expédier les guitares flirter aux bords des précipices. Leurs disques sont longs en bouche et réservent bien des surprises à chacune des écoutes... 
Jimmy JIMI [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]         

  
01 - Fourth Of July
02 - Hearing Voices
03 - Spook
04 - Summertime
05 - Way Up High
06 - Listen, The Snow Is Falling
07 - Sorry
08 - Melt Away
09 - King Uf Spain, Pt. 2
10 - Here She Comes Now
MP3 (320 kbps) + artwork


mardi 9 janvier 2018

MARQUIS DE SADE ~ 16-09-17 (Live Au Liberté, Rennes) [2017]


C’est l’histoire d’un geste suspendu. Un geste qui n’attendait pas forcément de résolution, et qui aurait pu rester en l’état, dans un entredeux. 36 ans après avoir été coupé dans son élan, il a toutefois repris sa trajectoire, sans avoir perdu de sa grâce, ni de sa nécessité. La chose est rare. En musique, on connait surtout des enchanteurs d’hier qui reviennent nous annoncer que la fête est finie. Il semblerait qu’on en veuille souvent à nos souvenirs. Et ceux qui nous ont jadis nourris, transportés, sont parfois les premiers fossoyeurs de la magie d’antan. Etrangement, je n’ai pas craint une seconde que ce soit le cas avec Marquis de Sade. Je n’ai pas éprouvé le scepticisme habituel à chaque annonce de reformation. Quand j’ai appris qu’ils revenaient aux affaires le temps d’un concert, mon premier réflexe a été le bon : j’ai pris ma place. Pas tant pour faire les yeux doux à ma jeunesse enfuie que pour savoir enfin ce que "ça" faisait de recevoir frontalement ce son là, ces chansons là, en direct. Marquis de Sade a toujours été un groupe intimidant. Il était finalement plus simple de se raccrocher aux émanations de celui-ci après sa dissolution, Marc Seberg dès leur second album ou Octobre : leurs répertoires respectifs étaient moins âpres, plus aimables pourrait-on dire. Mais la trace laissée était indélébile. On en parlait comme de notre Velvet à nous. On regardait d’un autre œil ceux qui nous disaient les avoir vus sur scène. La ferveur était intacte. Je me souviens d’une chronique de Philippe Manoeuvre parlant de gens qui avaient acheté les disques de Marquis de Sade rien que pour le nom du groupe. On en était là, oui. Absent, le Marquis ? Ce n’est pas ce que nous disaient nos oreilles quand on tombait sur une vidéo du groupe, qu’on entendait un de leurs morceaux ; il était d’une époque, évidemment, mais jamais on ne pensait qu’il fût "daté". L’intensité n’a pas d’âge. Alors le 16 septembre 2017 à Rennes, on eût finalement moins le sentiment de retrouvailles impromptues ou trop longtemps différées, que d’une évidence : le geste méritait une suite, depuis toujours. Et que ce fût un nouveau départ ou une fin en soi n’importait pas. L’essentiel était que ça se produise, et que l’attente ne soit pas déçue. Tous ceux qui étaient là vous le diront : nous avons ce soir-là été emmenés par Marquis de Sade bien au-delà des attentes. D’abord du fait de la grâce des chansons elles-mêmes, tant celles de Dantzig twist que celles de Rue de Siam, qui ont conservé leur pertinence et leur tranchant. Tant dans les moments de tension (HenryConrad Veidt…), que dans les passages plus atmosphériques (Silent world, Rue de Siam, une veine qu’on rêverait de voir le groupe creuser, si d’aventure…), la qualité et la modernité de leur écriture frappaient à nouveau les esprits. Le groupe n’a pas été en reste, d’une cohésion étonnante, convoquant comme hier Television, Pere Ubu ou les Talking Heads ; les guitares de Franck Darcel avec Tox Géronimi en renfort, la section rythmique d’Eric Morinière et Thierry Alexandre, et le sax de Daniel Pabeuf ont dialogué avec le même à propos, la même absence de complaisance qu’avant. Et puis, bien sûr, il y a Philippe Pascal. A la voix et au magnétisme inaltérés. Dire de lui qu’il est habité serait peu : pour paraphraser Bashung, il est "noir de monde". Empli de cette humanité sensible jusque dans l’émouvante et sobre dédicace aux amis disparus. Avec cette pudeur que les imbéciles, accoutumés à la démagogie scénique lambda, ont toujours confondu avec de la froideur. Il m’est arrivé à plusieurs reprises de croiser Philippe, et je ne pouvais à chaque fois m’empêcher de lui demander quand il comptait « revenir ». Il me répondait immanquablement avec une fermeté pleine de courtoisie que la musique réclame qu’on lui accorde toute la place et que pour l’heure, la place était prise. C’est une idée de l’engagement, qui est celle du groupe dans son ensemble. L’enregistrement du concert du Rennes en rend bien compte : on ne joue pas « ça » comme ça, avec cette force et ce soin porté au visuel, projections vidéo et lumières de haute volée à l’appui, sans être pleinement investi, sans que le don soit total. A mille encablures de la dictature contemporaine du "cool", d’un détachement prétendument de bon aloi. En même temps qu’une certaine idée de l’élégance. Cette élégance que Marquis de Sade injecta un jour dans le rock en France, à une époque où celui-ci en était si peu pourvu. Et qu’il réinjecte aujourd’hui encore via son concert, et cet enregistrement live, réactivant un répertoire dont l’éclat a sans doute, avec le recul, galvanisé ses propres créateurs. On se plaira à penser qu’ils en ont été les premiers surpris, voire troublés, et que ce trouble a sa part dans la fraîcheur de la revisitation. Etre dépassé par ce qu’on a écrit, joué : il n’est pas de meilleur ressenti pour un artiste, ni de preuve plus tangible d’une nécessité. 
DOMINIQUE A


01 - Set In Motion Memories
02 - Henry
03 - Final Fog (Brouillard Définitif)
04 - Air Tight Cell
05 - Rue De Siam
06 - Nacht Und Nebel
07 - Silent World
08 - Skin Disease
09 - Walls
10 - Conrad Veidt
MP3 (320 kbps) + front cover


lundi 8 janvier 2018

PHILIPPE DEBARGE WITH THE PRETTY THINGS ~ Rock St. Trop [1969]


Attention, grosse affaire... Je mis longtemps avant d'entendre le vieil adage : "Tout ce qui est rare n'est pas forcément précieux." Je ne pourrais compter les machins presque introuvables, et donc hors de prix, qui me firent fantasmer avant de me faire lâcher un maigre : "mouais...", une fois l'objet réédité. Ici, l'affaire est tout autre. Philippe Debarge (le bien nommé !) était un fils à papa plein aux as (il paraît que cela arrive à des gens très bien). Un jour, plutôt que de s'acheter une nouvelle bagnole de collection ou autre babiole de cet acabit, il décida de s'offrir l'enregistrement d'un album en compagnie des Pretty Things ! Il invita donc Phil May et Wally Waller à venir trouver l'inspiration à Saint-Tropez. Les mecs auraient pu se contenter de ramasser la maille et de peloter des jeunes filles en bikini, mais la suite prouva que le séjour leur fit fort profitable. Or donc, quelques semaines plus tard, tout ce beau monde se retrouva au studio Nova de Londres, fraîchement équipé d'un magnétophone huit pistes (le nec plus ultra de l'époque) et de quantité d'instruments du dernier cri achetés grâce au carnet de chèques plantureux du gars Philippe. Le Debarge possédait une voix un tantinet fluette, mais non dénuée de charme et, comme chacun sait, dans leurs meilleurs jours, les Pretties étaient capables d'en remontrer aux plus grands. Ici, sous un déluge de guitares acoustiques et électriques, ils multiplient les miracles comme à la parade ! Pour des raisons inconnues de nos services, ce chef-d'oeuvre insensé va demeurer enfermé dans un carton jusqu'à sa parution en 2008. Enregistré entre les géniaux S.F Sorrow et Parachute, ce Rock St. Trop est guère moins extraordinaire. Je crois qu'on peut difficilement trouver plus beau compliment. 
Jimmy JIMI [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]    


01 - Hello, How Do You Do
02 - You Might Even Say
03 - Alexander
04 - Send You With Loving
05 - You're Running You And Me
06 - Peace
07 - Eagles Son
08 - Graves Of Grey
09 - New Day
10 - It'll Never Be Me
11 - I'm Checking Out
12 - All Gone Now
13 - Monsieur Rock (Ballad Of Philippe) [Bonus Track]
14 - Lover [Bonus Track]
15 - Silver Stars [Bonus Track]
MP3 (320 kbps) + artwork


  

vendredi 5 janvier 2018

DAN BAIRD ~ SoLow [2017]


"I can’t say we didn’t see it coming…"
"Si tu veux plaire à tout prix tu n’arriveras jamais qu’à être la moitié de toi-même, si tu fais ce que tu veux tu plairas peut-être un jour." Je n’ai trouvé que cette (peu glorieuse j’en conviens) paraphrase pour illustrer certains propos tenus par un grand philosophe du Sud Profond américain. Tout le monde vous le dira, ça n’a jamais été facile de traduire Faulkner ou Williams qui de toute façon n’étaient pas vraiment philosophes. Tiens, à-propos de Williams, il ne vous aura pas échappé à quel point les prix de la Telecaster Johnny Hallyday-Model ont augmenté sur Le Bon Coin ces derniers temps. Mais ceci n’a rien à voir, c’est juste qu’il n’y a pas que les Danelectro dans la vie y a aussi les Telecaster. Le grand philosophe en question s’appelle Baird, Daniel John Baird plus exactement, si je précise pas je vous connais vous allez vous perdre. Dan Baird, donc. Deux disques sortis en 2017, deux disques dont j’eus l’irrépressible envie de vous parler, surtout après la lecture du post de Jimmy sur les Georgia Satellites. Je pense même en avoir fait la promesse au Patron de ces lieux mais il sait mieux que quiconque à quel point il ne faut pas me faire confiance et ne m’en a sûrement pas voulu de ne pas l’avoir tenue (la promesse). Bien, après une phrase aussi longue et tout aussi dépourvue de sens que de ponctuation je vous autorise un temps de respiration. Ça y est ? Reprenons : deux disques, l’un avec Homemade Sin, son groupe depuis quelques années, il s’appelle Rollercoaster, une pochette magnifique et à l’intérieur c’est encore mieux, d’ailleurs je vous promets de vous en parler plus longuement un jour, l’autre vous le tenez entre les mains (ceci est une image). Dan Baird a plu un jour (ceci est un rappel, il concerne ici la pseudo-citation qui débute ce texte), avec les Georgia Satellites. Il faisait tout, il était tout (pour moi tout au moins) au sein de ce combo, les compos, les gratte-chant et l’indécrottable sourire du mec qui ne se prendra jamais au sérieux, quoi qu’il arrive. Avec eux il connut un succès planétaire étonnant, incongru et éphémère, c’était en 1986. Planétaire c’est simple, à part Till tout le monde écoutait les ‘Sats à l’époque. Etonnant en effet qu’à cette époque un album aussi basiquement et naturellement three-chord-r’n’r atteigne le sommet des charts. Incongru… t’en penses quoi Dan ? - Ben à l’époque y avait guère que les Replacements. (NDLR : sur la tête de ma mère j’invente rien, je serais bien incapable d’inventer quoi que ce soit. "Ah si, on a aussi tourné avec Petty". Merci Dan. Ephémère, vous connaissez l’Histoire et ses Eternels Recommencements et vous maîtrisez maintenant peu ou prou la saga des Faces, Small ou tout court (hello D), je n’en rajouterai pas sur l’analogie que tant de brillants critiques (hello JJ) soulèveront au fil des années. Bref rappel (promis, c’est le dernier) corroborant l’acuité de l’analyse Bairdienne : l’année suivante sortit Le Plus Grand Disque de l’Histoire, vous savez tous de quoi je parle et je n’invente toujours rien. A peine si j’exagère. Au moins le Plus Grand Disque de 1987, vous pouvez bien me concéder ça. Dan s’est par la suite barré des Satellites pour une carrière solo tout aussi zigzagante, un énorme hit en 92 puis l’oubli général sans que son talent, son enthousiasme, la qualité de ses compositions, ou quoi ou qu’est-ce ne soient en cause. Pas de quoi déstabiliser le bonhomme, That’s r’n’r ! comme on dit quand on n’a plus d’argument. SoLow donc, ce disque que Dan qualifie de premier qu’il ait fait en solo (d’où son titre, ceci est un jeu de mots) accompagné qu’il était par un groupe dans chacun de ses précédents. Des groupes il en a toujours deux-trois sur le feu en même temps le lascar, en ce moment c’est The Yayhoos et Homemade Sin, et c’est bien ce avec HMS qu’il a sorti ce Rollercoaster dont vous avez déjà oublié l’existence, c’est bien la peine que je fasse des efforts… SoLow, disais-je. Autant vous prévenir tout de suite, aucune véritable surprise ne nous attend au tournant de cette incroyable collection de ce que je n’hésiterai pas à qualifier de …drumroll… : Classiques ! Les détailler n’aurait aucun sens, de toute façon je suis bien incapable de parler de musique. Enfin, y a bien un truc qui me taraudait et dont je voulais vous entretenir c’est ce Look away (ouais, comme dans "Look away, look away, etc.") aussi monumental qu’intriguant dans son propos, mais je me suis retenu. Je croyais bêtement que c’était une énième ode à ce Sud profond, etc. Vous savez comment ils sont là-bas. Sauf que pas du tout, on serait plus proche d’un règlement de compte bien senti qu’autre chose, j’ai bien fait de m’abstenir. Faut dire (répéter en fait, je l’ai déjà écrit plus haut) que c’est pas facile de traduire un philosophe, sans parler de le comprendre… Mais putain quel morceau, même les feulements et les solos de guitare me tenaillent et m’interpellent, merde Dan, t’es sûr de ce que t’avances là ? Heureusement Naughty Marie, qui suit immédiatement, remet les pendules à leur place. Surtout pour ceux qui continuent, contre vents et marée, à écouter un disque en entier et dans l’ordre, ce que je vous recommande ici plus que jamais. Pas pour la philosophie non, juste pour la bonne dose de rock’n’roll. Fin de chronique (ouais je sais c’est pompeux mais j’ai pas trouvé d’autre mot pour qualifier ce bordel, a-propos de bordel elle est pas belle la pochette ?) : cette dernière phrase, j’en étais tellement fier qu’elle constituerait ma conclusion, j’ai souvent du mal à m’arrêter mais là au moins on est bien. Et puis, plongé que j’étais dans le personnage, car faut le savoir c’est du boulot une chro… euh un billet (ça y est j’ai trouvé !), même s’il est pourri et trop long, j’ai cherché un moyen de me rattraper de la fois où j’avais failli aller voir Dan Baird & Homemade Sin en concert, une petite salle pas loin de chez moi, de l’autre côté de la frontière. J’avais passé mon tour et j’avais fini par m’en vouloir. Mais le mec est une bête de scène, j’aurai d’autres occasions. En la cherchant cette occasion je découvre ce truc, posté le 28 juillet dernier, que franchement je ne me suis pas senti d’interpréter ou déformer. Je vous livre donc cette Leçon de Philosophie brute de décoffrage, comme son auteur :


Long post warning-
Gang, I gotta take a leave of absence for the rest of the year. It's a medical thing. CLL, chronic lymphocytic leukemia. Knew i had it and it was coming but I thought it was a couple of years off. Not so. Older folks blood condition that wants to eat up you body and red blood cells as well as leave junked white blood cells like wrecked cars all over the blood stream. Inherited. Treatable. But debilitating in the short term when it picks up a head of steam, like now. 
Dern tootin I'ma gonna give it a fight. I got a good piece of stubborn in me, might as well put it to a decent use. 
The bad news is The Yayhoos shows, and the 2 weeks in the states and a month in Europe and England of db & HMS shows this year that I can no longer do. Sorry. 
I'll find a way to get stronger. Skip the damn crying emoji, please. It makes me feel like a death sentence. It ain't. One of the most addressable blood disorders. 
Besides, I'm the luckiest fucker any y'all ever even heard of, and I know it. 
Mick Brown has me set up in a nice English hospital right now, and am being treated to be well enough to fly home and start the real work. Great staff here at the hospital and this wacky idea that you shouldn't have to pay for it. Oh those crazy socialists! 
Shout out to Pete Mason for calling "its time, get his ass to the hospital ". 
Warner Hodges, Mauro Magellan and Micke Björk are doing the last 3 HMS shows as a 3 piece. Throwing it together to honor the dates in the back of the van rolling to the gig. Gentleman, you are truly what the good shit is made of. Certified dudes.
Now, if you don't put the top hat on the mic stand and play a huggy kissie/Freebird medley at least once I'll never forgive you. 
db


Le "top hat" fait référence au haut-de-forme que Dan Baird (ou db, comme il signe) porte régulièrement car oui, en plus de tout le reste, il est élégant. Pas besoin de lunettes jaunes pour jouer à la rock star, t’as une tête-à-chapeau ou une tête-à-claques, t’y peux rien et ça s’improvise pas. Et là je me suis senti vraiment con devant ma pseudo-conclusion pourrie. Mais je ne pouvais pas vous laisser comme ça, Dan nous en donne la preuve, the show must go on et moi faut que je me reprenne. Retour donc au SoLow, pardon aux solos de Look away (et aux feulements qui le précèdent), c’est un ordre. Réécoutez moi ça, tendez l’oreille, ça sent pas la Telecaster à plein nez ça ? Non ? Ben vous avez raison en fait c’est une Esquire, la guitare préférée de Baird. C’est l’ancêtre de la Tele, à l’origine elle n’a qu’un seul micro sur le bridge mais ça se trafique aisément comme vous pourrez le constater. Un micro ou deux ça change pas grand-chose, les vrais amateurs de Tele ne jouent qu’en position bridge. Le truc marche aussi avec la Johnny Hallyday-Model mais au prix où on les trouve maintenant ça vaut plus le coup… L’Esquire de Dan Baird n’a pas de prix, elle. C’est un modèle de 1957 ayant appartenu à Steve Marriott.
Everett W. GILLES [Vous prendrez bien le temps d’un petit commentaire !]
P.S. : pour une traduction du texte de DB, une liste exhaustive de ses groupes et la signification de la plaque d’immatriculation sur la pochette vous savez où me trouver mais faudra pas venir vous plaindre après.


01 - Cemetery Train
02 - Showtime
03 - Look Away
04 - Naughty Marie
05 - Get Watcha Get
06 - Say Goodbye
07 - Get Out And Go
08 - Won't Take Much
09 - Lay It On Me
10 - Silver Baby
11 - She's With Me
12 - Gotta Get A Move On
MP3 (320 kbps) + front cover


mercredi 3 janvier 2018

(Mon) Panthéon Du Rock # 1 : The Faces (par Le Duke)



Saison 1973, Les Faces remportent le championnat d'Angleterre de League One (l'équivalent de notre deuxième division) rock'n'roll avec dix longueurs d'avance ! 
Humble Pie et Mott The Hopple, distancés, n’accéderont pas à la Premier League... "
Rod Le Zob" sacré meilleur pointeur de la saison quitte l’équipe pour une 
carrière américaine et ramasse la mise. 
Ah, ah, les p'tits loups, il faut que je vous conte l’aventure de ces lascars, parce que je les adore. 
Au début, furent les Small Faces (c’est pas des blagues, ce nom, ils ressemblent vraiment à des 
réductions de têtes d’indiens Jivaros ou, alors, ils ont dû souffrir de malnutrition étant jeunes, 
particulièrement Mariott et Lane qui arborent les mêmes oreilles en chou fleur dépassant de leur 
coupe "Fab Four " naissante, un peu à l’image du jeune Keith, tiens donc ?). [Ici, le nom Faces évoque davantage une "figure" qu'un "visage", dans le vocabulaire modernist, un "face" est une sorte de "super mod" particulièrement apprécié pour l'excellence de ses goûts musicaux et vestimentaires (note de Jimmy).] 
Donc les Small Faces sont ce groupe génial que vous connaissez. Pendant les mid sixties, sous la 
férule de Don Arden, manager aux méthodes mafieuses, qui leur refilait vingt livres par semaine [mais un crédit illimité dans les meilleurs boutiques de fringues (note de Jimmy)], puis de 
l’inspiré Andrew Loog Oldham sur son label Immediate Records, ils alignent les hits imparables 
et stylés (Watcha gonna do, Lazy sunday, Itchicoo park, Tin soldier etc.) à l’instar de leurs 
contemporains britishs : Who, Yardbirds, Action, Creation, Pretty things, Rolling stones, Kinks, 
Them, Animals… et j’en passe car ils sont nombreux et ont les dents longues. 
Ils sont en train d’écrire l’Histoire du rock, pendant qu’en France on nous infuse du Johnny (R.I.P. in St. 
Barth) et la bande de yéyés pourris chaperonnés par Albert Raisner à l’harmonica. 
Inutile de préciser que nos têtes chétives ont été biberonnées à la soul pur jus et au rythm’n'blues 
énergique plus qu’au blues pur et dur (Stones, Pretty Things...) ou au rock'n'roll. 
En 1968, c’en est marre de ces groupes pop à singles, les Small Faces doivent réaliser leur oeuvre 
maîtresse tels les compagnons du devoir s’ils veulent accéder au niveau supérieur de la hiérarchie. 
Hendrix, Cream, Pink Floyd et consorts sont en train d’enflammer la scène londonienne tandis 
que Led Zeppelin fourbit ses armes de destructions massives ! 
Il s’agit du concept album - et psychédélique pour corser l’affaire ! Depuis Sergent Pepper, les Beatles 
ont imposé l’exercice. En réalité, il s’agit de mettre en musique un conte ou une histoire débile sous 
différents thèmes, d’agrémenter le tout d’improvisations fumeuses avec instruments exotiques 
divers et variés, le tout entièrement exécuté sous l’emprise de stupéfiants lysergiques et de décréter 
une fois la tache terminée qu’il s’agit d’un chef d’oeuvre. 
Certains groupes ont pris cela très au sérieux, on a même parlé d’opéra rock pour les Who ! Les 
critiques ont fait des gorges chaudes de ces albums qui sont jugés encore aujourd’hui comme des 
sommets artistiques. J’aime bien le Satanic Majesties des stones car on voit bien qu’ils n'en avaient 
rien à battre, à part Brian Jones, et qu’ils ont bâclé le truc. 
Pour les Small Faces, ce sera Ogden’ s nut gone flake, une histoire de tabac à rouler ou j’ai rien 
compris ? 
Pour les Pretty things, ce sera S.F. sorrow, un truc vaudou qui fait froid dans le dos avec le Baron 
Saturday… 
Les concepts albums sonneront le glas de tous les groupes mod /freakbeat/ high energy, trop 
éloignés de leur base r'n'b et incapables de jouer cette mélasse en concert devant un public qui leur 
réclamait leurs premiers hits pop. (Les Beatles, pas cons, avaient arrêté de faire des concerts depuis 
belle lurette et pouvaient s’éclater en studio, ah ah !) 
A la suite de ce flop prévisible et de la faillite du label Immediate, Steve Marriott s’en va former 
Humble Pie avec Peter Frampton (ex the Herd, autre groupe mod). Marriott qui était un chanteur 
extraordinaire du temps des Small Faces se met à hurler comme un forcené sur des morceaux sans 
grande finesse (c’est du rock besogneux qui peut être agréable parfois sur certains albums (Smoke 
it !, Eat it ! attention à l’indigestion tout de même…), mais je défie quiconque de s’enfiler 
jusqu’à la fin les quatre faces du live : Rockin' at the Fillmore figurant pourtant dans toutes les annales 
encyclopédiques du rock et dans le numéro 54 de Best Les 100 Meilleurs album du rock qui a servi de 
base à la construction de ma discothèque, mais je m’égare une fois de plus... "
Ain’t nobody white can’t sing the blues", chantait Mitch Ryder qui en connait tout de même 
un rayon sur le sujet. 
Frampton décrochera la timbale américaine en solo avec Frampton comes alive et son 
insupportable scie à la talk box : Show me the way qui fera date, et Marriott après une tentative 
solo et reformation des Small Faces sans Ronnie Lane tombera dans les oubliettes du rock; il 
succombera à l’incendie qu’il avait lui-même provoqué (un sale coup de baron Saturday peut 
être ?). Quel gâchis ! 
Mais revenons à notre affaire. 
Nos trois têtes réduites se retrouvent sur le carreau avec le nom du groupe en héritage, décapité 
(ouah !) par le départ de leur frontman chanteur et guitariste. Ils vont alors tirer au grand jeu de chaises 
rock’n roll deux cartes maîtresses pour réaliser le flush royal (ou du moins un joli full house qui n’est 
pas une mauvaise main non plus). 
J’ai nommé : Rod "jamais de slip sous ton kilt" Stewart et Ronnie "Woody Woodpecker" Wood en 
provenance du Jeff Beck Group avec lequel ils avaient posé quelques bases du heavy rock. 
Ces deux-là, ils seraient plutôt issus de la tribu des long faces avec un sérieux problème capillaire 
d’épi permanent dans les cheveux de type sortie de lit après grosse biture qui ne cadre pas avec leur 
compères les trois réductions Jivaros. 
C’est ma théorie selon laquelle le groupe aurait abandonné le "small" pour devenir les Faces tout 
court, mais tout cela n’est que vaine supputation. 
Bon alors, je résume : l’équipe de galactiques qui va attaquer le championnat : a
ux avant-postes : 
Rod Stewart : gosier râpeux aux effluves de tourbe sentant bon le vieux malt des Highlands, a
ime la chatte fraîche et le cognac Rémy Martin ; 
Ron Wood : tout sauf un manchot de la six cordes : "
il connait son Big Bill Bronzy par coeur" dira de lui Keith Richards avant de le recruter. 
Féru de bottleneck, il ouvrage ici bien mieux qu’avec les Stones (J’ai aussi une théorie 
pour cela, mais on n’a pas le temps !) 
Ne crache pas sur le Chivas Regal et autres remontants... 
En défense : 
Ronnie Lane : bassiste souple et mélodique, il forme un attelage chevronné en défense centrale avec 
Kenney Jones et o
fficie également en tant que deuxième chanteur (pas assez souvent à mon gout). C'est un 
compositeur élégant dans un style plus pop que les trois autres. 
Kenney Jones : attention très grosse pointure ! Batteur de la trempe de Keith Moon qu’il remplacera 
d’ailleurs au sein des Who après son décès. 
Il est capable de modifier plusieurs fois son tempo dans un même morceau, ce qui caractérise le son 
des Faces. Jetez une oreille à I’m losing you live at the BBC pour vous faire une idée 
du client et de la rythmique des Faces... Au milieu : 
Ian McLaglan : c’est l’arme secrète aux claviers (piano/orgue), le joker, l’homme des passes 
décisives. ll apporte à la musique des Faces ce côté bastringue totalement Stonien (période Exile
j’entends) ou enrichit à l’orgue la rythmique du groupe qui est déjà monstrueuse... 
C’est dans cette configuration d’origine que les Faces nous ont livrés quatre premiers albums 
savoureux et quasiment identiques en qualité. 
Les deux derniers sont produits par Glyn Johns (je sais que ça en intéresse certains de connaitre les 
producteurs, pas vrai Milord ?). 
Leurs reprises (Dylan, McCartney ou Chuck Berry) sont impeccables notamment Memphis 
Tennessee et le Baby I’m amazed de Sir Paul, chanté à deux voix avec Lane, version qui me parait 
(là, je me risque) supérieure à l’originale. 
Il faut également préciser à la décharge du groupe que pendant toute la période des Faces, Stewart 
menait en parallèle une carrière solo et réalisera trois ou quatre albums du même tonneau privant 
ainsi les Faces de certaines de ses meilleures compositions. 
Vous ne trouverez aucuns de leurs albums dans les annales discographiques du rock et encore moins 
dans le dictionnaire amoureux du rock d’Antoine de Caunes [Ce n'est pas tout à fait vrai ! (note de Jimmy)]. Ah, ah ! 
Pourtant leur boogie faussement brinquebalant bien servi par la voix chaude et râpeuse de Stewart 
donnait sa pleine mesure en live et restera une bulle d’oxygène dans l’univers rock du début des 
seventies. Pendant que les autres concurrents emplissaient les murs d’amplis Marshall au service du 
hard rock naissant en poursuivant en vain le dirigeable hors d’atteinte et si haut dans le ciel, les Faces 
déroulaient faciles à la conquête du titre. 
Bowie et les Dolls allaient remettre de l’ordre dans la maison en attendant le grand nettoyage final 
de 77. 
Las, les Faces ne seront jamais considérées comme un groupe sérieux - et c’est tant mieux ! Il faut une 
bonne dose de "stupidité" pour faire du bon rock’n'roll, c’est Iggy qui l’a dit. 
Vas-y, Woody, tricote nous ton solo sur ta gratte en couvercle de chiottes et toi, Rod, moulé dans ton 
pyjama de satin jaune continues à balancer ton pied de micro. Vous avez gagné le titre en 73 en League One 
et celui-là personne ne viendra vous le retirer ! Et pour cet exploit, vous 
entrez au panthéon du Duke pour l’éternité…


Discographie selective :
The Faces : First step, Long player, A no dis as good as the wink…, Ooh la la.
Rod Stewart : An old raincoat won’t ever let you down, Gasoline alley, Every pictures tells a 
story, Never a dull moment.
Ron Wood : I’ve got my own album to do.
Pete Townshend & Ronnie Lane : Rough mixes.
Ces deux derniers albums étant chaudement recommandés, il s’agit de semi-classiques. [S'il vous manque un de ces grands disques, n'hésitez pas à demander (note de Jimmy).]
LE DUKE [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]